Emballage: des décisions à prendre 'au sommet'
Chronique
Fini de tergiverser; le débat sur les emballages durables ne peut plus être esquivé. La crise environnementale nous force à prendre nos responsabilités. Et par 'nous', j’entends le secteur des produits de grande consommation (FMCG) et ses fournisseurs d’emballages.

Je l’ai déjà écrit maintes fois: l’industrie doit désormais se montrer proactive dans la recherche de solutions. Même à présent que la décision a été prise concernant le PPWR, un cercle vicieux semble apparaître: les producteurs FMCG attendent l’industrie de l’emballage, qui observe elle-même les recycleurs. Et au bout du compte, tout le monde rejette la responsabilité sur les ménages.
Sauf que ceux-ci ne sont simplement pas en mesure de résoudre le problème. Même avec les meilleures intentions du monde, les ménages ne possèdent ni l’expertise requise ni les moyens nécessaires. Sans oublier que bien trier prend du temps: un jeune ménage en a-t-il tant à y consacrer? La balle est dans le camp de l’industrie : la problématique des emballages doit désormais être tranchée 'dans les hautes sphères'.
La situation actuelle
Les responsabilités doivent être prises sur plusieurs aspects: matière vierge ou recyclat? plastique ou papier? d’origine fossile ou biosourcée? Le dilemme est connu: le consommateur ne veut plus de plastique et fait davantage confiance au papier. Mais produire du papier génère beaucoup plus de CO2. À quoi dès lors donner la priorité? Au marketing qui veut des solutions à base de papier, ou au développement durable qui tend à privilégier le biosourcé? Et quid des propriétés barrières? Va-t-on oser toucher à la durée de conservation? La réglementation existante autour du Passeport Produit Numérique (Digital Product Passport) va aussi demander des réponses de la part des décideurs: le DPP devient le moment de communication par excellence entre le consommateur et le producteur. Que communiquer et comment? Affaire de décideurs.
Rôle des emballages compostables
Les emballages compostables sont, selon moi, la clé pour résoudre le problème des emballages. Ils offrent une solution durable qui réduit la dépendance au recyclage. Le recyclage est une belle chose, qui doit être encouragée. Mais la problématique est extrêmement complexe et nul ne sait encore si nous aurons suffisamment de matière à réinjecter dans le système. Après usage, un emballage compostable retourne simplement à la terre, sans laisser de résidus néfastes. Et si l’on s’y prend bien, il permet même de restituer du CO2 à nos sols. Revers de la médaille: le compostable demande de lourds investissements et un gros effort d’innovation de la part de l’industrie. Des choix s’imposent sur ce terrain-là aussi.
Innovation et responsabilité
Ce qui veut dire investir dans la R&D des matériaux compostables et dans l’infrastructure permettant de les produire et de les traiter à grande échelle. D’où il ressort aussi que le développement durable a cessé d’être une question marginale. Les plus hauts décideurs doivent placer la durabilité au cœur de leurs stratégies d’entreprise. Et cela va demander un changement de paradigme faisant de l’impact environnemental des emballages un élément clé du processus décisionnel. La finalité durable doit être intégrée dans chaque étape du processus de production, de la conception à la distribution, puis à l’élimination. Aucune entreprise ne peut toutefois relever seule ces défis. Ils nécessitent une approche intégrée dans laquelle producteurs, développeurs de logiciels et recycleurs travaillent de concert à la mise au point de solutions durables. Ce qui peut déboucher sur des partenariats innovants et des investissements partagés dans de nouvelles technologies. La transition nécessite des décisions difficiles et une vision à long terme. Car, nous l’avons dit, les ménages ne peuvent pas résoudre ce problème. C’est à nous, l’industrie, de le faire. Le temps n’est plus aux atermoiements. Les emballages ont cessé d’être une question marginale pour devenir l’affaire des hauts décideurs. Ce n’est qu’en acceptant cette responsabilité que nous pouvons garantir un avenir durable.