Les outils d’ACV pas toujours pertinents pour les emballages alimentaires
24e World Packaging Conference de l’IAPRI
Le projet TACTIC a inventorié et analysé les outils d’analyse du cycle de vie (ACV) actuellement disponibles dans le commerce pour les systèmes d’emballages (alimentaires) afin de mieux comprendre leurs possibilités et leurs limitations scientifiques.

"Toutes les parties prenantes de la chaîne de valeur et d’approvisionnement de l’emballage alimentaire sont de plus en plus pressées d’évaluer et d’améliorer la durabilité des produits et des services afin de se conformer aux exigences futures d’une économie circulaire", a dit Brecht Van Der Hoeven (Pack4Food) pendant la World Packaging Conference pour expliquer les motivations de l’étude. Les calculs et outils d’analyse du cycle de vie (ACV) sont souvent utilisés de nos jours pour relever les défis en matière d’emballage (alimentaire). "Les résultats de tels outils d’ACV sont mis à profit pour tenter d’optimiser les configurations d’emballages et les chaînes de valeur et d’approvisionnement associées."
27 outils d’ACV
Le projet TACTIC analysé en tout 27 outils d’ACV. Un seul concernait expressément l’alimentation, dix-sept les matériaux d’emballage, huit la combinaison aliment-emballage et cinq le réemploi. Une étude comparative sur l’effectivité des ACV effectuée dans le cadre du projet TACTIC a débouché sur des découvertes intéressantes, selon Van Der Hoeven. "Il est ressorti des résultats que la majorité des instruments d’ACV disponibles n’offrent pas la possibilité d’intégrer l’impact des aliments dans l’évaluation. En outre, la comparaison entre le réemploi et l’usage unique exige le calcul du nombre minimum de cycles pour lequel les deux scénarios sont à égalité sur le plan environnemental. Cette option n’existe pas encore dans les outils d’ACV actuels étudiés."
Harmonisation
Van Der Hoeven a formulé les défis suivants pour combler cette lacune: connaissance de l’ACV au niveau de l’entreprise individuelle, certification et une solution pour les emballages réutilisables. "On peut en outre souhaiter une harmonisation des méthodes d’ACV, la reproductibilité des résultats et une plus grande attention dans les ACV pour la fonctionnalité des emballages."
Emballages-repas réutilisables

Dans le cadre des ACV, le Canadien William Schnyder a présenté lors de la conférence de Valence les conclusions édifiantes d’une étude à petite échelle consacrée aux emballages-repas réutilisables en usage sur le campus de son université.
"Sous la pression des préoccupations environnementales croissantes concernant les emballages, le système d’emballage réutilisable constitue une tendance émergente dans les services de restauration des campus universitaires en Amérique du Nord", observe Snyder.
Cette étude visait à évaluer les performances écologiques et économiques des systèmes d’emballage alimentaire réutilisables et multi-extensibles proposés dans les cafétérias des campus universitaires : récipients à usage unique en polypropylène (PP), coquilles ('clamshells') réutilisables en polypropylène (PP) et une variante compostable en bagasse (résidu des tiges de canne à sucre). Il a été procédé à une analyse de cycle de vie (ACV) pour évaluer quantitativement l’impact environnemental de ces trois différentes formes d’emballage. Le périmètre de l’ACV comprenait l’extraction et la production des matières premières, le transport, l’utilisation et la fin de vie.
Le plus faible impact environnemental
Les résultats de l’ACV ont révélé que l’emballage réutilisable en PP a l’impact le plus faible sur l’environnement par rapport aux deux autres emballages à usage unique pour neuf des dix catégories d’impact environnemental. Le récipient à usage unique en PP a montré l’impact environnemental le plus lourd en raison de l’extraction des matériaux, des processus de production et des émissions en fin de vie.
L’analyse de sensibilité a permis de déterminer que la coquille réutilisable a l’avantage par rapport aux formats à usage unique dans neuf des dix catégories d’impact pour autant qu’elle soit réemployée au minimum 37 fois.
Enfin, une analyse des coûts a été réalisée pour déterminer les coûts totaux (matériaux d’emballage, charges d’exploitation, coûts des services publics et élimination) de ces trois formats d’emballage, et ce à compter de l’achat jusqu’au moment de l’élimination. Il est ressorti des résultats de l’analyse des coûts que le format d’emballage réutilisable était le plus favorable à partir de 16 réutilisations.
Photographie: IAPRI/ITENE