Elégance et audace à l’italienne

Tendances des salons internationaux

Au niveau mondial, l’emballage demeure un marché hautement résilient envers et contre tout. En 25 ans, les volumes mondiaux d’emballages plastiques et papiers ont triplés, tandis que ceux en métal et verre ont doublé. Le taux de croissance annuel composé des secteurs d’emballage entre 2021 et 2026, est en moyenne de 4%. Ces chiffres positifs de l'emballage cachent toutefois quelques réalités plus rudes. Des disparités entre continents bien entendus et chez nous une évolution vers un autocentrisme du consommateur. Les consommateurs servis par les acteurs de la grande distribution exigent confort, délais & prix. Leur tour, ces derniers se retournent vers les marques, qui elles remontent leurs exigences aux transformateurs, puis aux fabricants d’équipements et enfin aux fournisseurs de matières premières. La dynamique s’est renversée. Ces constatations font suite au vibrant salon Ipack-Ima de Milan en mai dernier.

"Ce changement de paradigme est particulièrement vrai dans le commerce en ligne où la demande de réactivité des producteurs d’emballage est maximale. Le délai moyen de mise sur le marché d’un nouvel emballage est de 198 jours, les directeurs marketing le souhaitent entre 30 et 90 jours, tandis que les consommateurs souhaitent le produit bien emballé le jour même…  L’intelligence artificielle s’avère bien nécessaire car les défis d’adaptation sont immenses", indique Luciana Pellegrino, présidente de l’Organisation Mondiale de l’Emballage, qui ouvrait le salon italien. Cette grande foire commerciale présentait un bel observatoire des innovations en technologies de process et d’impressions, solutions d’emballage et nouveaux matériaux pour les secteurs alimentaires et non alimentaires.

Les usines intelligentes et les collaborations à l’honneur

Trois lignes complètes, dédiées à l’emballage flexible, aux boissons et au café, ont présenté les technologies les plus avancées du marché en fonctionnement. Pour la partie de production, le groupe italien Goglio déployait GStar, sa machine de dernière génération, qui produisait des paquets de café de 250 g en mono-matériau, alliant durabilité, rapidité et efficacité dans une seule solution. La technologie de manutention asynchrone des sacs permet d'atteindre une vitesse de production de 200 sacs par minute et la possibilité de produire jusqu'à 1 kg de produit. GStar est conçue pour fonctionner à la fois avec des stratifiés traditionnels et de nouveaux mono-matériaux 'prêts à être recyclés'. Elle est également entièrement intégrée à l’intérieur de Goglio MIND, la plateforme IdC créée dans le but de surveiller toutes les performances des machines en temps réel, gérant ainsi automatiquement les intervalles de maintenance et évitant les temps d'arrêt de production importants. La ligne était complétée par une solution d'emballage secondaire et de fin de ligne entièrement construite par Aetna Group composée d’un Wrap Around 20 de Sotemapack, une encaisseuse pour produits flexibles, en mesure de travailler jusqu'à 20 coups par minute, d’un Palwrapp de Robopac, un palettiseur compact avec banderoleuse intégrée, qui garantit une efficacité maximale et un encombrement minimal et d’un véhicule automatique guidé par laser modèle Auriga d'Ocme.

Emballage et process optimisés, une alliance gagnante

Chaque année, une ligne de production de caisse en carton utilise entre de 5.000 à 15.000 kg de colle et consomme à cette fin 12.000 à 15.000 kWh. D’où l’idée de la société italienne Tiber Pack de développer un système d’encaissage automatique sans colle ni hotmelt: le système Nicetuck. Grâce à une découpe innovante et un système de pliage/fermeture mécanique, il innove sur les plans économique et écologique. Cette solution complète de Tiber Pack nécessite l’achat de la machine adéquate, mais supprime les coûts de maintenance et de nettoyage liés aux systèmes hotmelt, tout en améliorant significativement l’efficacité globale de la ligne. La technologie est protégée et le brevet est en cours d’examen.

La société italienne Irplast est désormais en partie intégrée au groupe japonais Toppan, spécialisé dans la production de films en polypropylène biorienté (BOPP). Ces films sont destinés aux emballages flexibles spécialisés, ainsi qu’à la fabrication et l’impression d’étiquettes, de rubans adhésifs et de solutions multi-pack. En 2019, Irplast a été la première entreprise en Europe, dans le secteur de l'emballage alimentaire, à produire des emballages à partir de matières premières issues de sources renouvelables et du recyclage chimique de déchets post-consommation. Sur le salon, elle présentait notamment Eco Easy Lift, une poignée conçue pour le transport de multi-pack pour le secteur alimentaire notamment. En BOPP et non-tissé à base de PP, la matière est certifiée ISCC+ et fabriquée en mono-matériau, recyclable avec les déchets plastiques standards et conforme à la réglementation PPWR. Depuis début 2025, Irplast a acquis une ligne de Brückner qui lui permet d’extruder des films mono matière biosourcés et en full PP. Avec la technologie LISIM, Irplast arrive à réaliser des films d’extrême finesse pour les barquettes alimentaires entre autres. 

Emballage ou étiquette: plus vraiment de frontière

Basée à Turin, la PME Sales produit des emballages et s’est fait remarquée par son cartonnage BeNut. Spécialement conçu pour le vin, entièrement en carton, résistant et personnalisable, il peut être adapté à toutes les formes de bouteilles. Cette boîte carton est destinée aux envois individuels ou plus grande adaptée à la classique boîte de 6. Pas de suremballage nécessaire pour l’e-commerce avec les tests Ista 6 en cours. Une toute nouvelle étiquette intelligente fait aussi partie de leur offre: postée sur la face intérieure d’une barquette de denrée alimentaire fermée, elle change de couleur lorsque le contenu n’est plus comestible. Ce n’est plus la date de péremption, ni la température qui témoignent de la fraîcheur mais bien une reconnaissance chimique. Le projet a été réalisé avec l’Université de Pavie et est destiné aux marchés des volailles, poissons et laitiers. La production de cette étiquette technologique est prévue pour cette année. 

Seul collaborateur de 3M en Italie, Imprima est également une PME, qui produit tous types d’étiquettes. 'L’étiquette parlante' présentée à Ipack-Ima utilise la technologie NFC pour communiquer avec tout smartphone ou tablette récente. Il suffit d’approcher l’appareil pour qu’un synthétiseur vocal délivre, dans la langue locale, les informations du produit: conseils de dégustation, messages publicitaires ou mentions obligatoires difficiles à imprimer sur l’étiquette. La technologie NFC pour étiquette n’est pas nouvelle en soi, mais avec le Digital Product Passeport en cours de développement par la Commission Européenne, le système reprend de l’intérêt. Les avantages pour les consommateurs sont concrets: accès en un seul clic aux infos, dans sa langue grâce à la géolocalisation avec possibilité de lecture pour les mal-voyants, le tout en conservant l’anonymat des données. Pour le porteur de marque, la lutte contre la contrefaçon et le gain dans les mises à jour et traduction des données du produit. Pour Imprima, l’offre est en adéquation avec la demande.

Toujours continuer à faire bonne impression

Enfin, la société néerlandaise Print.com, a fait également parler d’elle. Sur un stand très accueillant qui faisait l’unanimité des journalistes étrangers, Print.com a expliqué son offre multi-dimensionnelle et le renforcement de son écosystème. La société intègre à présent deux éditeurs néerlandais à son offre: Simian, plateforme web-to-print qui apporte des capacités de production (23.000 m² près de Groningen) et élargit les marques sous leur égide, et ISI Publishing Innovators qui propose des solutions digitales essentielles, comme des portails de marque, des boutiques en marque blanche et des outils de gestion des actifs numériques. Ces acquisitions complètent l’offre Print.com, qui renforce ainsi son positionnement comme plateforme d’impression intégrant à la fois la production physique et des services logiciels avancés. Carlo Alberto Carnevale Maffè, professeur en stratégie et entrepreneuriat à la Bocconi School of Management de Milan conclut: "L’emballage parle, le business écoute."

Photos: Dominique Huret